• La vie, c’est franchement compliqué. Surtout quand on est mort depuis 318 ans et qu’il faut l’avouer à un garçon terre-à-terre mais alors à fond les ballons !

    -  Tu te… Fous de ma gueule !

    Que disais-je ? Ah, oui. Plus terre-à-terre, tu meures. Isaac ne crois pas un seul mot de ce que je suis en train de lui avouer. Je suis assise sur un banc du parc, où nous avons demandé à Isaac de nous rejoindre. Mathias essaie de retenir Isaac de me coller une baffe. Crétin de blondinet !

    -  Pour la 7ème fois, je te dis que je suis née en 1681 et j’ai été percutée par un char 14 ans plus tard. Un homme du nom de Théo m’a découverte enterrée et m’a ramenée à la vie. Je traverse à peu près toute l’Europe depuis ce jour. C’est pourtant pas compliqué à comprendre !

    -  Sans rire !

    Il me regarde comme si je sortais d’un asile. Je vois bien qu’il est à deux doigts de céder à la panique. Dans un élan d’espoir, il se tourne vers Matthias. Banque de bol, il est de mon côté ! Rends-toi à l’évidence…

    -  Nan mais sans déconner, les gars ! crie-t-il en levant les mains au ciel. C’est plus drôle, maintenant ! Arrêtez avec cette histoire de revenants, les morts restent toujours dans leur tombe !! Pour l’éternité !

    Ah ben pas chez moi ! Matthias tente vainement de le raisonner.

    -  Isaac, du calme. Ça peut paraître dingue, mais c’est la stricte vérité ! Lorelay est… vraiment morte il y 300 ans…

    Le pauvre blond méché regarde son meilleur ami d’un air vide.

    -  Matt… Pas toi…

    Soudain, une idée me vint à l’esprit.

    -  Matt ! Rends-moi mon couteau.

    Mon petit ami reste sans voix deux secondes, puis comprend mon intention. Il écarquille les yeux comme jamais.

    -  C’est hors de question !! Je ne supporte pas de te voir faire une chose pareille !

    Je lève les yeux au ciel. Quel attardé !

    -  Bon Dieu, fais pas ta chochotte et passe-moi ce couteau !

    Je vois passer dans les yeux d’Isaac une lueur d’inquiétude lorsqu’il me regarde. Panique pas, c’est pas toi que je vais trancher ! Matthias m’attrape brusquement le poignet.

    -  Il n’y a peut-être plus aucune trace physique, mais j’ai faillit avoir une crise cardiaque ! Et ça, ça ne pourra pas partir aussi facilement !

    Je profite qu’il soit proche de moi pour choper mon couteau furtivement. Je lui souris de toutes mes dents.

    -  Ne sous-estime pas les femmes, beau gosse !

    Tandis qu’il rougit au surnom, je me dirige vers Isaac.

    -  Qu’est-ce que… Tu veux faire ? hésite-t-il dans un mouvement de recul.

    -  A toi ? Rien.

    Je tranche mes veines d’un coup sec. Je tends mon poignet à Isaac, ce dernier étant… Légèrement choqué. La plaie se referme peu à peu, jusqu’à ne laisser qu’une peau lisse sans la moindre égratignure. Les yeux du jeune homme enchaînent les vas et vient entre mon poignet et mon visage.

    -  Tu… Tu te fous de moi, là ! C’est… une blague. Une saleté de blague, hein ?

    Voyant mon air sérieux, il tente avec Matthias. Pas d’issue de secours.

    -  Ça n’est pas une blague, Isaac.

    Il reste muet quelques minutes. Soudain :

    -  Alors c’est pour ça…

    Il marque une pause.

    -  Que j’ai jamais pu te voir comme une fille…

    Il me sourit comme si j’étais une demoiselle en chaleur qu’il ne demandait qu’à draguer.

    -  Tu veux te battre, du con ?

    Et il éclate de rire. Un rire à la fois nerveux, paniqué et soulagé. Le rire d’une personne qui vient d’apprendre que toutes les théories mises en place il y a des siècles sont fausses.

    -  Ok… déclare-t-il une fois son fou rire terminé. Je veux bien vous croire.

    Matthias sourit. Moi, je choisis l’autre option :

    -  De toute façon t’as pas le choix.

    Et je pars du parc. Les garçons me rattrapent rapidement. Matthias m’enlace par la taille sous les yeux ronds d’Isaac.

    -  Mec, tu fais quoi, là ?

    -  Je tiens la taille de ma petite amie.

    -  QUOI ?!

    S’il avait pu éviter d’hurler à côté de mon oreille, ça m’aurait arrangée… Le faux blond se plante devant nous et nous toise comme des bêtes de cirque.

    -  Temps mort. T’es en train de me dire que vous sortez ensemble ?

    -  Ben, ouais, répond Matt en souriant.

    -  Tu sors avec… ça ?

    Non mais je rêve ! Je craque :

    -  Mais je vais t’exploser la face, blondinet de malheur !

    Mis je ne peux m’empêcher de rire, tandis que les deux garçons frôlent la crise d’hystérie tant ils rient !!

    Bon, allez ! On rentre ! dit Matthias en essuyant une larme au coin de son oeil.


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