• Chapitre 2 : Nouveaux sentiments.

    Aujourd’hui, c’est mardi. Un jour que je n’aurai jamais pensé plus maudit que le lundi. La semaine dernière, notre très chère prof de français a décidé de changer toute la classe de place, et je me suis retrouvé à côté d’Alex, le beau gosse de toute la classe.

    Certes, il est beau, mais il n’a vraiment que ça.

    Depuis une semaine, donc, ce type me colle. A la cantoche, pendant les pauses, et même sur le chemin du retour ! Je ne sais pas ce qu’il lui prend, mais depuis ce malheureux lundi, il doit penser que nous sommes devenus meilleurs amis…

    Enfin, je dis ça, mais je dois bien avouer que, au plus profond de moi-même, ça ne me dérange pas tant que ça. Après tout, il est beau, et même s’il fait le con à longueur de journée, il peut être sérieux. La preuve : nous nous sommes vus deux fois dans la semaine pour que je lui apprenne à dessiner, et il était plus sérieux que jamais !

    Il avait une expression… déconcertante.

     

    Mon nouveau camarade de français, Alex, a décidé par je ne sais quelle malédiction d’apprendre à dessiner. Et c’est à moi qu’il a demandé de lui donner des cours !

     

    La première matière du jour est encore français. Et aujourd’hui, on a deux heures. Deux heures à côté d’un navet ambulant… Je soupire avant même d’apercevoir Alex passer la porte.

     

    -  Salut mec ! sourit-il de toutes ses dents – un peu trop blanches – en frappant mon épaule. Comment ça va ?

     

    -  Ça allait. Avant que t’arrives.

     

    Un rictus s’échappe de sa gorge. Tu l’as cherché !

     

    -  Toujours aussi sympathique, Dan, soupire-t-il. Franchement, qu’est-ce que je t’ai fait ? On s’est jamais parlé, avant !

     

    La prof nous demande de nous asseoir. Je ne peux m’empêcher de répondre à la question de mon voisin :

     

    -  Justement. T’es jamais en cours et les rares fois où tu y es, tu dragues les dindes qui nous servent de camarades. J’avoue que je ne comprends pas tes motivations…

     

    -  Je drague les dindes qui nous servent de camarades ? Je drague personne ! plaide-t-il. Et si je ne viens pas tous les jours en cours, c’est pour des raisons personnelles.

     

    J’arque un sourcil. Raisons personnelles ?

     

    -  Si tu ne dragues pas, ces pintades sont vraiment décérébrées…

     

    -  T’aimes pas les filles, toi, hein ?

     

    -  Juste les allumeuses.

     

    Mon voisin pouffe de rire. Le reste des deux heures est un mélange entre la vie du romancier Balzac et les blagues d’Alex. Je dois bien l’admettre, ce type a quand même un bon sens de l’humour. Puis, soudain, me vient une idée.

     

    -  J’accepte de te donner des cours de dessin, je dis en faisant semblant de lui expliquer une phrase, mais en contrepartie, tu m’apprends à jouer au basket. T’es partant ?

     

    Je le regarde, un peu inquiet. J’ai toujours adoré le basket, mais les cours d’art que me payaient mes parents me demandaient trop de temps. J’ai terminé les cours il y a deux ans, j’ai donc du temps libre. J’ai pas trop l’habitude de parler de ce genre de chose… Alex demeure un instant stupéfait, puis il sourit comme un gosse.

     

    -  No problem, man !

     

    Un sourire se dessine sur mes lèvres. La sonnerie retentit. Toute la classe se barre en courant hors de la salle sans même attendre que la prof ait terminé de donner les devoirs. Au moins, ça, ça change pas.

     

     

     

    Pendant les dix minutes qui nous sont gracieusement laissées par le lycée, j’ai ma vieille habitude de dessiner assis sur un banc à l’arrière du bâtiment. Donc, comme tous les jours depuis maintenant 6 ans, je pars en vitesse me chercher un banc vide. A l’arrière du lycée, il y en a toujours pleins de vides. Mais mon cher voisin de table de français a décrété que, aujourd’hui, il ne me foutrait pas la paix… de la journée !

     

    -  Hé, Dan ! m’appelle-t-il alors que je pose mes fesses sur le banc. Qu’est-ce que tu fous ?

     

    Je le regarde, dépité d’une telle question.

     

    -  Je danse, ça se voit, non ?

     

    Alex soupire bruyamment avant de se remettre à sourire comme un con.

     

    -  Sérieux, mec, laisse ton banc et viens avec nous, dit-il avec un sourire façon Colgate.

     

    Je hausse un sourcil.

     

    -  Tu as dis nous ? je demande.

     

    Puis je regarde derrière son épaule et j’aperçois une bande de gars fringués comme des magazines à l’air ahuri. Logique qu’ils fassent cette tronche, Alex LeGrand est en train de parler à un gothique… Les pauvres ! Ça doit leur faire un choc ! Je soupire à mon tour.

     

    -  Tu ferais mieux de ne pas rester là, tu sais…

     

    -  Pourquoi ?

     

    A quel point ce mec est-il ignorant ?

     

    -  Parce que je ne suis pas le genre de personne qui te fera avoir plus d’amis.

     

    Je m’attendais à tout, sauf à ce qu’il éclate de rire !

     

    -  Espèce d’idiot ! rit-il à pleins poumons. Ces gars-là c’est des connaissances, mais aucun n’est vraiment ami avec moi, tu sais !

     

    Il pose sa main sur mon épaule et me regarde droit dans les yeux.

     

    -  Etre entouré pendant la pause ne veut pas dire qu’on a pleins d’amis. Tout comme être seul ne veut pas dire être insociable.

     

    Et cet abruti fait un clin d’œil, en plus ! Alors que je le regarde, complètement hébété, il hurle à ses "connaissances" d’aller faire un tour ailleurs. Les gars qui l’accompagnaient râlent un bon coup puis, voyant qu’Alex est sérieux, partent.

     

    -  Ils sont sympas, ces gars, continue-t-il en se retournant vers moi, mais un peu pot-de-colle par moments… Euh, tu te sens bien ?

     

    En effet, j’ai un sourcil arqué et contemple le sol. J’avais baissé la tête dès qu’il avait retourné la sienne, pour ne pas qu’il remarque que je le fixais d’un air ahuri. Qu’est-ce qui me prend ?! Je me relève en vitesse et souris de force.

     

    -  Euh… Oui ! Oui, tout va bien, t’inquiète !

     

    Une chance que ce type soit aussi ignorant : il n’a pas cherché plus loin et est repartit dans ses délires.

     

    Tandis qu’Alex me déballe ses techniques imparables du basket, je réfléchis à ce qu’il vient de se passer.

     

    Pourquoi mon cœur bat aussi vite ?

     

     

     

    **

     

     

     

    A la cantoche, je fais comme si rien ne s’était passé à la pause de 10 heures. Je prends mon repas et je vais m’asseoir, comme d’habitude. Aussi ai-je espéré toute l’heure d’espagnol qu’Alex retrouve, lui aussi, ses habitudes et me laisse manger mon repas en paix… mais il faut croire qu’il les a perdues à jamais.

     

    -  Dan, je peux manger avec toi ? demande-t-il avec un sourire d’ange (qui m’effraie fortement !) Je te promets de ne pas être insupportable !

     

    Pour toute réponse, deux mots sont sortis de ma bouche.

     

    -  Trop tard.

     

    Le basketteur gonfle une joue en protestant :

     

    -  Mais j’ai encore rien fait !

     

    -  Tu continues…

     

    -  ARGH !

     

    Alex passe en mode "ange blessé" et se jette sur moi avec des yeux de biche.

     

    -  Désolé, Dan, désolé ! Mais laisse-moi manger avec toi, steuplééé !

     

    Je l’éloigne de moi, sentant mes joues se réchauffer.

     

    -  Pourquoi tu tiens tant que ça à manger avec moi ?

     

    Il regarde autour de lui et se rapproche de mon oreille :

     

    -  Les pots de colle de tout à l’heure refont leur boulot ! (il me supplie) Steuplé, Dan, me laisse pas !

     

    C’est pas bon. Pas bon du tout ! Mon cœur bat la chamade et je sais pas pourquoi. Je perds patience.

     

    -  Prends de quoi te nourrir avec toi.

     

    -  Hein ?

     

    -  On se casse.

     

    Je lui attrape le bras et l’embarque avec moi.

     

     

     

    Arrivés dehors, Alex se pose devant moi, les bras croisés.

     

    -  Vas-y, explique. Il y a un problème dont tu ne peux pas me parler à la cafétéria ?

     

    Un rictus nerveux sort de ma bouche.

     

    -  Non, je n’ai aucun problème, Alex, dis-je en me ressaisissant. Mais toi, tu avais l’air d’en avoir, je t’ai donc… aidé.

     

    Un sourire narquois s’est volontairement dessiné sur mes lèvres, histoire de donner un peu de vérité fausse à mes propos. Je continue :

     

    -  N’étais-ce pas toi qui disais qu’être seul ne fait pas de quelqu’un un insociable ?

     

    Les yeux de mon voisin de table s’écarquillent et soudain, un sourire vient s’incruster sur son visage. Il se jette sur moi.

     

    -  Merci, mec ! Je savais que je pouvais compter sur toi !

     

    Ma poitrine est sur le point d’exploser !  Je me débats.

     

    -  Arr… Arrête, Alex !! C’est bon, j’ai compris !! Lâche-moi !

     

    Quand cet imbécile se décide à me lâcher, mon visage – que je tente vainement de cacher – est en feu.

     

    Comment un tel geste peut-il me mettre dans cette état ?!

     

    -  Ça va, Dan ? demande Alex en se penchant pour voir mon visage.

     

    Un battement sourd vient faire trembler mon esprit. Son expression…

     

    -  Ça va ? insiste-t-il.

     

    …me sort de moi-même…

     

    -  Non, je réponds. Ça va pas…

    …je l’aime.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 19 Février 2014 à 17:25

    oui !! ~♥ 

    2
    Mercredi 19 Février 2014 à 19:25

    Oulala, je trouve ça rapide ! XD il le déteste, et puis le lendemain il est amoureux //BAF//

    Mise à part ça, j'aime ~~

    3
    Vendredi 21 Février 2014 à 15:55

    Euh, j'ai modifié deux trois trucs

    (c'est vrai que les connecteurs logiques sont proches du néant...)

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