• Chapitre 1 : Changements.

     

    Aujourd’hui, c’est lundi. Un jour maudit.

    Mon réveil sonne à 6h30 pour la première fois depuis deux jours, mon petit déj’ passe en vitesse grand V, ma mère est encore à la bourre pour son travail,…

    Foutu lundi de merde…

    J’habite à un quart d’heure à pied de mon lycée. J’y vais seul, comme toujours. Comme chaque lundi, le premier cours est le français. La classe des 1ère 3 – la mienne, malheureusement – est la seule classe qui, depuis la création du lycée, ait réussit à faire partir 6 profs de littérature en dépression.

    Pourquoi a-t-il fallu que je me retrouve dans cette… chose… ?

    Mais mon malheur ne se trouve pas dans les cours à proprement parler, mais plutôt dans ce qui compose cette classe. La grande majorité des élèves sont… des filles ! Bordel… La gente féminine m’énerve beaucoup, pour ne pas dire indéfiniment. Je n’ai rien contre elles, mais cette façon qu’elles ont toutes d’allumer les gars du lycée m’horripile. Je me demande comment elles font pour survivre en plein hiver, à 0°, en mini jupe et veste en jean !

    Un bruit strident me sort soudain de mes pensées.

    Tiens, alors il vient en cours ?

    Alex, le gars le plus populaire de tout le lycée vient de rentrer dans la salle. Les filles sont en extase devant lui depuis la rentrée de l’année dernière. C’est le capitaine de l’équipe de basket du lycée et il a la carrure d’un mannequin. Mais, à part ça, il n’a pas grand chose. Il a raté la moitié des cours, l’an dernier, et a réussi à passer en première de justesse. Cette année, on est au milieu du premier trimestre et il a déjà sauté une vingtaine de cours.

    Comment les filles peuvent-elles admirer un blaireau pareil ?

    -  Tout le monde à sa place !! beugle la prof – qui ne fera sûrement pas long feu…

    Toute la classe s’exécute dans les 15 minutes qui suivent. Ce lundi aurait pu être un lundi aussi soporifique que tous les autres, mais cela ne suffit peut-être pas à cette nouvelle prof.

    -  Je vais faire des changements dans l’organisation de la classe, dit-elle d’un ton assuré.

    Pitié qu’elle ne fasse pas « une fille avec un garçon » !!

    -  Bon, comme il y a une majorité de filles dans la classe, ce serait discriminatoire de faire « une fille avec un garçon » sachant que certaines filles seraient entre elles et d’autres non…

    Et les mecs, t’en as rien à foutre ?

    -  Je vais donc mettre tous les garçons à côtés d’autres garçons et toutes les filles avec des filles ! reprend-elle d’un ton trop enjoué.

    Les filles sont heureuses, les gars aussi… Mais je ne sais pas pourquoi, je sens que ma tranquillité du fond de salle va me manquer… La prof s’empare de la liste des élèves et commence à placer tout le monde. Par malheur, elle a aussi les photos individuelles de chacun d’entre nous. Impossibilité qu’elle se plante dans les prénoms.

    -  Dan, tu seras à côté d’Alex.

    Je manque de m’étouffer avec ma propre salive. Avec LUI ?! La Guimauve de ces Dames vient s’asseoir à côté de moi, tout sourire.

    -  Salut, euh… Dan ?

    La prof vient de dire mon nom, mais il hésite encore. Un boulet reste un boulet. Pour toute réponse, je me contente de hocher la tête. Je suis peut-être gay, mais pas crétin au point d’être attiré par… ça ! Sentant une certaine tension dans mon attitude, Alex reste silencieux le reste de l’heure. A la sonnerie, il brise ce silence :

    -  Sympa, ton look, décroche-t-il avant de s’en aller en cours de bio.

     

    Le reste de la journée est un calvaire délicieusement familier. Aucun abruti pour déranger mon ennui à l’horizon. Que du bonheur ! Mais la Guimauve de ces Dames pense sûrement avoir été absente trop longtemps.

    -  Hé ! Dan !

    Je soupire avant de me retourner.

    -  Quoi ?

    Mon ton est froid et indifférent. La plupart du temps, les gens en sont effrayés ou insultés. Alex n’est pas une exception. Il lève les deux mains au ciel.

    -  Woh, du calme, mec ! Ce n’est que moi !

    Justement.

    -  Je voulais te dire un truc, aujourd’hui, mais t’as pas dû m’entendre… commence-t-il.

    En fait, si, je l’ai très bien entendu. C’était à la pause de midi, monsieur voulait me parler d’un truc "important". Mais je l’ai ignoré et je suis parti en salle d’art pour mon club.

    -  J’avais des trucs à faire, je dis nonchalamment en tournant le dos à mon interlocuteur.

    -  Hé, m’ignore pas encore une fois, steuplé ! s’exclame-t-il en me choppant le bras.

    Je le regarde et j’arque un sourcil. Si t’as remarqué que je t’ignorai, pourquoi t’insiste, du con ? Ledit Du Con répond à ma question muette :

    -  C’est important, alors j’insisterai le nombre de fois qu’il faudra.

    -  Que c’est chevaleresque. Maintenant dépêche-toi de me dire ce que tu veux, je suis pressé.

    Alex ravale sa salive. Le légendaire self-control des populaires… L’aurai-je irrité ? Un sourire furtif se dessine sur mes lèvres.

    -  D’après les rumeurs…

    Alors là, déjà, ça part mal. Mon sourire se barre à vive allure.

    -  …tu es un bon dessinateur, alors…

    -  Je t’arrête tout de suite, ce ne sont que des rumeurs. Passe ton chemin.

    Le dessin, un sujet à ne pas aborder si c’est la première fois qu’on me parle. Pour les gens de ma classe, je n’existe que pour les dessins et les photos. Le reste du temps, je ne suis pas "quelqu’un de fréquentable". Je commence à partir.

    -  Attends, Dan !

    Il me suit jusqu’à un tournant. Je lui attrape le bras et le plaque contre le mur avec une force que je n’ai peut-être pas maîtrisée. Ma voix se fait cinglante.

    -  Alors écoute, Alex (j’insiste sur ce dernier mot), si tu m’as dérangé pour me parler de dessins, tu ferais mieux de te taire à partir de maintenant. Continue de séduire des pigeonnes comme tu le fais les rares jours où tu es présent et fiche-moi la paix.

    Je le lâche violemment. Contre toute attente, le mec en face de moi se met à rire.

    -  Tu mâches pas tes mots, toi ! plaisante-t-il. T’es comme ça avec tout le monde ? Je comprends mieux pourquoi on m’a déconseillé de venir te parler.

    -  Es-tu stupide au point de ne pas comprendre ce qu’on te dit ?

    -  Es-tu renfermé au point de ne pas vouloir écouter une demande ?

    J’écarquille les yeux. Quoi ? Je n’aurai jamais pensé qu’un idiot comme lui puisse avoir de la répartie. Ou tout simplement un cerveau…

    -  Maintenant que tu es disposé à m’écouter, continue mon adversaire, laisse-moi parler jusqu’au bout, s’il te plaît. Je disais donc que, comme tu es doué en dessin, j’aimerai que tu me rendes un service.

    Je soupire. Je sais ce qu’il va me demander.

    -  Tu veux que je fasse ton portrait.

    -  Faux.

    J’écarquille une nouvelle fois les yeux.

            -  J’aimerai que tu m’apprennes à dessiner.


  • Commentaires

    1
    Mardi 28 Janvier 2014 à 18:16

    Veux la suite !!!!!

    2
    Mardi 28 Janvier 2014 à 20:11

    J'aime :D

    3
    Mercredi 29 Janvier 2014 à 14:56

    On se calme les filles ! je suis pas une machine à écrire :P

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